Débarquement, au petit matin après huit heures de
bus de nuit, dans une nouvelle contrée à peine éveillée.
Su les conseils de nos amis Américains du début de
l'aventure, nous nous sommes rendus à Huaraz, ville de montagne,
située à 3600 m.s.n.m. D'un côté s'étend la majestueuse
cordillère blanche. Dominée par le Huascaràn à pas moins de 6768
mètres d'altitude, elle nous paraît encore quasi inaccessible,
depuis le fond de vallée encore baigné de fraîcheur de sa nuit
sous la barre des 0°C. Son nom, elle le doit à son manteau blanc
immaculé de glace et de neige éternel qui la recouvre tout au long
de l'année.
Sommet Huascaràn
De l'autre côté, un relief montagneux, beaucoup
moins élevé mais beaucoup plus humain : la cordillère noire.
Sur ses flancs, quelques villages (pueblos) ont trouvé un sol
fertile pour cultiver eucalyptus, maïs (maiz), blé (trigo), tomates
et pommes de terres et pour élever leurs quelques vaches, moutons,
poules et cochon.
Bien entendu différente de toutes les villes
traversées avant, Huaraz présente pourtant quelques similitudes
avec les autres grandes citées péruviennes. Une Plaza de Armas,
lieu de vie central où les touristes de base que nous sommes
peuvent trouver un centre d'information, une grande banque, une
église, des bancs, bref tout ce dont on a besoin à l'arrivée dans
un nouvel endroit. Un mercado, idéal pour faire ses courses
et manger pas cher (nous réduisons un peu en ce moment aux vues de
quelques réactions indésirables de notre système digestif peu
habitué aux normes d'hygiène péruviennes, ainsi qu'à une
nourriture non aseptisée). Des taxis, qui ne communiquent que
par le klaxons et qui font leurs marche arrière sur un air de
lambada et des collectifs (collectivos) dans lesquels les gens
s'entassent pour rejoindre le coin de la rue (la esquina) pour
quelques centimes (centimos). Des maisons dont l'ébauche de
second étage n'est pas (et ne sera jamais) terminé. Des petites
échoppes (tiendas) qui vendent tous les mêmes paquets de
chips, rouleaux de papiers à l'unité et quantités astronomiques de
bouteilles de Inka Cola. Des locaux qui n'indiquent jamais une
direction autrement qu'en disant « A bajo » ou « A
riba », ponctué d'un petit « De frennnnnnte » !
Nous sommes donc bien toujours au Pérou, dans un
autre de ses paradis terrestre (pour peu qu'on aime un peu la
nature). Notre programme pour les prochains jours : tecker,
grimper, faire un sommet ; pourvu que l'on puisse profiter de la
beauté de cet endroit.
Nous logeons chez Ludo et Clément, des couchsurfeurs
(vous connaissez le concept ? Sinon : couch surfing sur
google) français travaillant dans une agence de trekking. Notre
première journée sera entièrement consacrée à la recherche
d'information sur ce qui peut se faire dans le coin. Bien au delà de
nos attentes, des dizaines de trecks sont réalisables seuls dans le
coin (ce qui pourrait tendre à changer avec les années) sur un ou
plusieurs jours. Nous décidons donc de nous rendre à la lagune de
Churup (4450 m) le lendemain pour faire une petite acclimatation, car
déjà à cette altitude, chaque geste à son importance (ou presque)
et le corps à besoin de s'adapter à ce nouvel environnement où le
taux d'oxygène baisse radicalement à mesure que l'on grimpe (je
vous dis pas la caisse qu'on va avoir en rentrant !).
La météo n'est pas au mieux, mais c'est avec
succès que nous arrivons jusqu'à la laguna Churup, surplombée par
le sommet du même nom. La montée est ponctuée de paliers, qui nous
permettent de reprendre notre souffle et bien sur d'admirer le
paysage et de photographier les superbes fleurs de montagnes
parsemées tout le long du chemin.
Pour avoir une meilleure vue, nous décidons de
monter un peu plus haut sur un petit col. Au fur et à mesure des
mètres, nous avons un peu mal à la tête mais décidons de
continuer quand même, le col étant vraiment près. La récompense
est de taille, nous nous installons pour pic niquer avec une vallée
de chaque côté et la nevada Churup qui montre son nez entre les
nuages.
Eclaircie sur la nevada Churup
Mais, temps de montagne oblige, cette éclaircie ne
dure que peu et très vite les bruits d'un orage approchant nous
contraint à redescendre, par l'autre vallée cette fois-ci.
Après cette première expérience dans la
Cordilière blanche nous avons pris la décision de rester tranquille
les deux jours qui suivant pour préparer notre trek de plusieurs
jours et nous reposer un peu.
C'est donc le samedi 26 en milieu d'après midi que
nous nous rendons au pueblo Hualcàn après avoir ajusté nos sacs
pour économiser un maximum de poids, fait le plein de nourritures
pour 4 jours principalement constitués de pâtes chinoises, purées
en sachet, fruit et avena ( flocon d'avoine à mélanger à un peu
d'eau et des bananes pour le matin, muy rico !! ). Arrivant en
fin de journée à Hualcàn il ne nous restait plus qu'une heure ou
deux pour avancer un peu sur le chemin pour le lendemain et trouver
un bon emplacement pour camper. Entre quatre vaches, un champs de
chocho, et quelques arbres nous installons alors notre tente pour
nous endormir tranquillement au niveaux de Malata le dernier village
à 3400 m.s.n.m avant l'entrée dans la vallée ouest du Hualcàn.
Réveil avec vue sur le Huascaran, le Hualcàn lui
se situe plus à droite. Après une sortie de tente dans cette belle
ambiance ensoleillé on s’apprête à faire chauffer un peu d'eau
pour engloutir notre purée d'avoine matinal quand on se rend compte
qu'on a oublié de racheter un briquet avant de partir pour allumer
notre home made chauffage, tu parles d'aventuriers ! Après
quelques minutes de réflexion on se dit que la prochaine fois on se
l’écrira sur le front, on efface de notre esprit toute idée
ridicule de fabriquer une étincelle avec un bout de bois ou autre
cailloux ramassé par terre. On se dit aussi que sur nous on n'a pas
de pierre à feux, équipement utilisé uniquement par ce qui ont
fait l'armée, s'en sont approchés ou bien évidement les fans des
trois dernières saisons de « Man vs wild », on se résout
donc à manger banane et taper dans notre réserve de gâteaux en
attendant mieux pour le repas de midi.
Après ce petit déjeuner on se met en chemin, une
pensée en tête : trouver des allumettes ou un briquet avant de
rentrer vraiment dans le « no man's land ». Après une
heure de marche on aperçoit une ferme en contrebas avec un éleveur
qui s’apprête à sortir ses moutons. Avec ma tête de Yankee, les
yeux plissés par le soleil et la faim me gargouillant un peu le
ventre, je me dis que je vais pas être le meilleur négociateur avec
ce paysan Quechuant qui ressemble plus à Shrek qu'au père Hingals
dans la petite maison dans la prairie, du coup Laura notre émissaire
féminine s'y colle.. Après dix bonne minute de mimage d'une
allumette et d'un feu avec la femme du paysan la mission est réussi
puisqu'elle revient avec une boîte de 12 allumettes qui vont nous
sauver le reste du trek et nous remette en marche l'esprit plus
serein.
Deux heures de marche plus tard nous arrivons à la
lagune de Rajupaquinan située à 4100 m.s.n.m, étape qui nous
permet de faire une petit pause déjeuner avant de repartir de plus
belle.
Le chemin s'élève de plus en plus, entre
l'altitude et les kilomètres déjà faits le matin l’ascension
commence à être difficile. Mais la récompense ne se fait pas
attendre quand arrivés aux 4400 on aperçoit la lagune 513 qui sera
notre point de chute pour la nuit.
laguna 513
Avant d'aller installer notre campement nous montons
encore en altitude avant de redescendre afin de ne pas dormir à
l'altitude maximal atteinte dans la journée pour limiter le mal
d'altitude. Puis nous nous installons dans les ruines d'un ancien
refuge située sur une crête un peu abrité du vent et d'une
éventuelle chute de neige.
Le réveil dans la nuit par la chute d'un bout de
glacier un peu plus au sud de notre position nous rappelle qu'on est
bien dans un milieu hostile. La nuit fût longue et fraîche mais nos
sac de couchage on bien rempli leurs rôle et nous ont quand même
permis de bien dormir. Le matin est le plus difficile, le soleil
n'est pas encore levé, le froid est saisissant et certaines affaires
sont légèrement humides, heureusement cette fois un bon petit
déjeuner chaud va nous remonter le moral et nous donner la
motivation pour attaquer notre objectif du jour, passer le Col du
Hualcàn à 4950 m.s.n.m pour pouvoir redescendre dans une vallée
adjacente face au Huascaràn.
Le sommet du Hualcàn avec le col
enneigée à sa gauche
Nous marchons depuis déjà plus d'une heure, le
soleil nous réchauffe et le sommet du Hulacàn 6112 m l'un de ces
géants de cette cordilière apparaît de plus en plus impressionnant
avec des points de vue magnifiques sur la vallée en contrebas.
Un peu plus tard, il est 11 heures du matin :
Après avoir profité plusieurs dizaine de minutes
de ce point de vue incroyable nous attaquons la descente de l'autre
côté non son prudence vue la morphologie du terrain bien escarpé
et très pentu sur cette partie. Plusieurs heures de marches et de
nombreuses poses « paliers » pour se réhabituer à un
niveau plus élevé d’oxygène au fur et à mesure que nous perdons
de l'altitude. En toute fin d'après midi après avoir rejoint le
haut de la vallée à 3700 m.s.n.m nous nous installons pour passer
la dernière nuit au cœur de montagne avant de rejoindre un peu de
civilisation. La nuit fût bien agréable après notre première
ascension à plus de 4900 m, seuls, dans un des plus beau massif du
monde..
Pour la suite le lendemain fût plus paisible avec
une demi journée de marche en direction du village de Shilla pour
ensuite rejoindre Carhuaz en bus dans la vallée séparant la
Cordillière Blanche de la Cordilière Noire.
NB : La Cordillère blanche s'étend sur 180km
de long avec au total 663 glaciers dont 29 sont à plus de 6000m
d'altitude et à pour point culminant le Huascaràn 6 768 m.s.n.m.