dimanche 3 juin 2012

Pura vida


Débarquement, au petit matin après huit heures de bus de nuit, dans une nouvelle contrée à peine éveillée.
Su les conseils de nos amis Américains du début de l'aventure, nous nous sommes rendus à Huaraz, ville de montagne, située à 3600 m.s.n.m. D'un côté s'étend la majestueuse cordillère blanche. Dominée par le Huascaràn à pas moins de 6768 mètres d'altitude, elle nous paraît encore quasi inaccessible, depuis le fond de vallée encore baigné de fraîcheur de sa nuit sous la barre des 0°C. Son nom, elle le doit à son manteau blanc immaculé de glace et de neige éternel qui la recouvre tout au long de l'année.


  Sommet Huascaràn

De l'autre côté, un relief montagneux, beaucoup moins élevé mais beaucoup plus humain : la cordillère noire. Sur ses flancs, quelques villages (pueblos) ont trouvé un sol fertile pour cultiver eucalyptus, maïs (maiz), blé (trigo), tomates et pommes de terres et pour élever leurs quelques vaches, moutons, poules et cochon.

Bien entendu différente de toutes les villes traversées avant, Huaraz présente pourtant quelques similitudes avec les autres grandes citées péruviennes. Une Plaza de Armas, lieu de vie central où les touristes de base que nous sommes peuvent trouver un centre d'information, une grande banque, une église, des bancs, bref tout ce dont on a besoin à l'arrivée dans un nouvel endroit. Un mercado, idéal pour faire ses courses et manger pas cher (nous réduisons un peu en ce moment aux vues de quelques réactions indésirables de notre système digestif peu habitué aux normes d'hygiène péruviennes, ainsi qu'à une nourriture non aseptisée). Des taxis, qui ne communiquent que par le klaxons et qui font leurs marche arrière sur un air de lambada et des collectifs (collectivos) dans lesquels les gens s'entassent pour rejoindre le coin de la rue (la esquina) pour quelques centimes (centimos). Des maisons dont l'ébauche de second étage n'est pas (et ne sera jamais) terminé. Des petites échoppes (tiendas) qui vendent tous les mêmes paquets de chips, rouleaux de papiers à l'unité et quantités astronomiques de bouteilles de Inka Cola. Des locaux qui n'indiquent jamais une direction autrement qu'en disant « A bajo » ou « A riba », ponctué d'un petit « De frennnnnnte » !

Nous sommes donc bien toujours au Pérou, dans un autre de ses paradis terrestre (pour peu qu'on aime un peu la nature). Notre programme pour les prochains jours : tecker, grimper, faire un sommet ; pourvu que l'on puisse profiter de la beauté de cet endroit.


Nous logeons chez Ludo et Clément, des couchsurfeurs (vous connaissez le concept ? Sinon : couch surfing sur google) français travaillant dans une agence de trekking. Notre première journée sera entièrement consacrée à la recherche d'information sur ce qui peut se faire dans le coin. Bien au delà de nos attentes, des dizaines de trecks sont réalisables seuls dans le coin (ce qui pourrait tendre à changer avec les années) sur un ou plusieurs jours. Nous décidons donc de nous rendre à la lagune de Churup (4450 m) le lendemain pour faire une petite acclimatation, car déjà à cette altitude, chaque geste à son importance (ou presque) et le corps à besoin de s'adapter à ce nouvel environnement où le taux d'oxygène baisse radicalement à mesure que l'on grimpe (je vous dis pas la caisse qu'on va avoir en rentrant !).

La météo n'est pas au mieux, mais c'est avec succès que nous arrivons jusqu'à la laguna Churup, surplombée par le sommet du même nom. La montée est ponctuée de paliers, qui nous permettent de reprendre notre souffle et bien sur d'admirer le paysage et de photographier les superbes fleurs de montagnes parsemées tout le long du chemin.


Pour avoir une meilleure vue, nous décidons de monter un peu plus haut sur un petit col. Au fur et à mesure des mètres, nous avons un peu mal à la tête mais décidons de continuer quand même, le col étant vraiment près. La récompense est de taille, nous nous installons pour pic niquer avec une vallée de chaque côté et la nevada Churup qui montre son nez entre les nuages.

 Eclaircie sur la nevada Churup

Mais, temps de montagne oblige, cette éclaircie ne dure que peu et très vite les bruits d'un orage approchant nous contraint à redescendre, par l'autre vallée cette fois-ci.
Après cette première expérience dans la Cordilière blanche nous avons pris la décision de rester tranquille les deux jours qui suivant pour préparer notre trek de plusieurs jours et nous reposer un peu.


C'est donc le samedi 26 en milieu d'après midi que nous nous rendons au pueblo Hualcàn après avoir ajusté nos sacs pour économiser un maximum de poids, fait le plein de nourritures pour 4 jours principalement constitués de pâtes chinoises, purées en sachet, fruit et avena ( flocon d'avoine à mélanger à un peu d'eau et des bananes pour le matin, muy rico !! ). Arrivant en fin de journée à Hualcàn il ne nous restait plus qu'une heure ou deux pour avancer un peu sur le chemin pour le lendemain et trouver un bon emplacement pour camper. Entre quatre vaches, un champs de chocho, et quelques arbres nous installons alors notre tente pour nous endormir tranquillement au niveaux de Malata le dernier village à 3400 m.s.n.m avant l'entrée dans la vallée ouest du Hualcàn.


Réveil avec vue sur le Huascaran, le Hualcàn lui se situe plus à droite. Après une sortie de tente dans cette belle ambiance ensoleillé on s’apprête à faire chauffer un peu d'eau pour engloutir notre purée d'avoine matinal quand on se rend compte qu'on a oublié de racheter un briquet avant de partir pour allumer notre home made chauffage, tu parles d'aventuriers ! Après quelques minutes de réflexion on se dit que la prochaine fois on se l’écrira sur le front, on efface de notre esprit toute idée ridicule de fabriquer une étincelle avec un bout de bois ou autre cailloux ramassé par terre. On se dit aussi que sur nous on n'a pas de pierre à feux, équipement utilisé uniquement par ce qui ont fait l'armée, s'en sont approchés ou bien évidement les fans des trois dernières saisons de « Man vs wild », on se résout donc à manger banane et taper dans notre réserve de gâteaux en attendant mieux pour le repas de midi.
Après ce petit déjeuner on se met en chemin, une pensée en tête : trouver des allumettes ou un briquet avant de rentrer vraiment dans le « no man's land ». Après une heure de marche on aperçoit une ferme en contrebas avec un éleveur qui s’apprête à sortir ses moutons. Avec ma tête de Yankee, les yeux plissés par le soleil et la faim me gargouillant un peu le ventre, je me dis que je vais pas être le meilleur négociateur avec ce paysan Quechuant qui ressemble plus à Shrek qu'au père Hingals dans la petite maison dans la prairie, du coup Laura notre émissaire féminine s'y colle.. Après dix bonne minute de mimage d'une allumette et d'un feu avec la femme du paysan la mission est réussi puisqu'elle revient avec une boîte de 12 allumettes qui vont nous sauver le reste du trek et nous remette en marche l'esprit plus serein.
Deux heures de marche plus tard nous arrivons à la lagune de Rajupaquinan située à 4100 m.s.n.m, étape qui nous permet de faire une petit pause déjeuner avant de repartir de plus belle.


Le chemin s'élève de plus en plus, entre l'altitude et les kilomètres déjà faits le matin l’ascension commence à être difficile. Mais la récompense ne se fait pas attendre quand arrivés aux 4400 on aperçoit la lagune 513 qui sera notre point de chute pour la nuit. 

 laguna 513

Avant d'aller installer notre campement nous montons encore en altitude avant de redescendre afin de ne pas dormir à l'altitude maximal atteinte dans la journée pour limiter le mal d'altitude. Puis nous nous installons dans les ruines d'un ancien refuge située sur une crête un peu abrité du vent et d'une éventuelle chute de neige.
 
Le réveil dans la nuit par la chute d'un bout de glacier un peu plus au sud de notre position nous rappelle qu'on est bien dans un milieu hostile. La nuit fût longue et fraîche mais nos sac de couchage on bien rempli leurs rôle et nous ont quand même permis de bien dormir. Le matin est le plus difficile, le soleil n'est pas encore levé, le froid est saisissant et certaines affaires sont légèrement humides, heureusement cette fois un bon petit déjeuner chaud va nous remonter le moral et nous donner la motivation pour attaquer notre objectif du jour, passer le Col du Hualcàn à 4950 m.s.n.m pour pouvoir redescendre dans une vallée adjacente face au Huascaràn.

  Le sommet du Hualcàn avec le col enneigée à sa gauche

Nous marchons depuis déjà plus d'une heure, le soleil nous réchauffe et le sommet du Hulacàn 6112 m l'un de ces géants de cette cordilière apparaît de plus en plus impressionnant avec des points de vue magnifiques sur la vallée en contrebas.


Un peu plus tard, il est 11 heures du matin :



Après avoir profité plusieurs dizaine de minutes de ce point de vue incroyable nous attaquons la descente de l'autre côté non son prudence vue la morphologie du terrain bien escarpé et très pentu sur cette partie. Plusieurs heures de marches et de nombreuses poses « paliers » pour se réhabituer à un niveau plus élevé d’oxygène au fur et à mesure que nous perdons de l'altitude. En toute fin d'après midi après avoir rejoint le haut de la vallée à 3700 m.s.n.m nous nous installons pour passer la dernière nuit au cœur de montagne avant de rejoindre un peu de civilisation. La nuit fût bien agréable après notre première ascension à plus de 4900 m, seuls, dans un des plus beau massif du monde..
Pour la suite le lendemain fût plus paisible avec une demi journée de marche en direction du village de Shilla pour ensuite rejoindre Carhuaz en bus dans la vallée séparant la Cordillière Blanche de la Cordilière Noire.

NB : La Cordillère blanche s'étend sur 180km de long avec au total 663 glaciers dont 29 sont à plus de 6000m d'altitude et à pour point culminant le Huascaràn 6 768 m.s.n.m.


2 commentaires:

  1. merci et encore merci pour ces magnifiques images notamment celle sur la Laguna 513 (sublime, j'adore)et celles du Huascaran en sortie de tente et du Hualcan.Bravo aussi pour votre premier 5000M (chapeau bas).
    Qu'est ce qu'on aimerait être avec vous pour partager ces merveilles.
    A+ bises
    el viejo bufalo

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  2. ah j'oubliais, Tip Top l'emplacement de votre tente dans les ruines du refuge. Tu sais ma Lol, c'est exactement ce type d'emplacement( tranquilitè et discrétion) qu'on essayé de trouver et qu'on appréciait avec Mum quand on campait sauvage. Comme quoi, les chiens ne font .........
    encore merci los llamenos llamas JTA
    El viejo bufalo

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